Certaine personne (au singulier) comprend le brochet par Internet et croit savoir tout, c’est absurde et faux.
J'ai appris sa science (théorique et pratique) dans l'une des grandes piscicultures solognotes en France et au début j'ai cru que je détiens totalement sa maîtrise. Arrivé au Maroc, je me suis cassé les dents pendant plus de deux ans avant de me rendre à l'évidence. J’ai dû recommencer à zéro pour finalement arriver à percer ses secrets et maîtriser sa biologie sur 20 ans. Il faut savoir qu'ici au Maroc, le brochet a changé totalement de biologie par acclimatation. A titre d'exemple sa croissance dépasse toute imagination par rapport à la littérature occidentale. Mais sa reproduction reste très limitée aux lacs de haute montagne et à quelques microclimats très localisés... quand à se vanter le connaître sur la biblio sans avoir retrousser ses manches, ne peut dépasser les limites des approximations des blancs-becs.....
HIMMI
ANALYSE DE LA SITUATION DE LA PECHE AU BROCHET AU MAROC
Étant un ancien pêcheur formation scientifique, spécialisé en biologie, hydrobiologie et pisciculture des carnassiers, je me permets de faire part de mes observations :
- La pêche ouverte tous les jours, pendant la saison de pêche, est une chose insensée et non sans de graves conséquences sur l’avenir de la pêche, il y va aussi de l’avenir de la biodiversité de nos milieux aquatiques. On ne peut pas autoriser des prélèvements à la quotidienne, car c’est une ressource naturelle épuisable. Il ne faut pas raisonner repeuplement, c’est absurde. Il faut penser biomasse qui est perdue par le lac, équilibre ichtyologique qui se perturbe et indice de biodiversité qui chute. La nature met beaucoup de temps à récupérer, pour remédier à cela, la pisciculture intervient uniquement pour l’aider, mais elle ne doit pas le faire tout le temps.
- Une pêche rationnelle :
La pêche sportive comme sont nom l’indique ne doit être une pêche nourricière que très secondairement et ce n’est pas son objectif principal de satisfaire d’approvisionnement en protéines.
La ressource naturelle en brochet est plutôt très épuisable puisque les carnassiers sont des chasseurs dont le territoire de chasse individuel s’étend en fonction de son âge et de ce fait se retrouve rapidement limité par la superficie de nos petits lacs. Ainsi, sa densité naturelle est fonction de la superficie « utile » du milieu aquatique. Par conséquent, le cannibalisme est le mécanisme régulateur chez cette espèce justement pour limiter sa densité et ramener à la normale en cas de déversement excessif.
A partir de là, il faut comprendre qu'il est inutile de repeupler massivement comme certains le souhaitent.
- Une pêche vraiment pas sportive :
Cependant, toutes les captures effectuées à partir de la fin novembre livrent 80 % des femelles pleines. Cela s’explique facilement par le fait que ces femelles deviennent voraces par besoin physiologique (gamétogenèse) de charger leurs ovules en vitellus (partie richement nutritive de l’œuf pour l’embryon) en vue de se préparer à la reproduction naturelle qui, théoriquement, survient au alentour de la mi-février (date pas très fixe). Cet état physiologique et passagère chez les femelles des carnassiers les poussent à attaquer souvent tout ce qu'on leur jette à l’eau et deviennent ainsi très vulnérables. A ce moment, l’exercice de la pêche sportive devient un massacre et n’est plus digne d’une pêche vraiment sportive comme son nom l’indique.
RECOMMANDATIONS :
Dès lorsque chaque prélèvement laisse tout un territoire vaquant (une lacune) et cela durant plusieurs mois avant la survenue des repeuplements. Ceci contribue largement à la perturbation de l’équilibre (« Rapport ou indice de Swing » qui passe en faveur des herbivores) ichtyologique, d’abord ensuite écologique, de tout l’écosystème lac naturel.
1 - Le nombre de captures par pêche doit être réparti sur les Week-end uniquement et pas tous les jours, c’est une ressource naturelle qui doit être exploitée rationnellement.
2 - La durée de pêche au brochet doit s’arrêter au plus tard à la mi-décembre
3 - La taille minimale doit être discutée et révisée puisque, suite à une expérience de dissection, j’ai trouvé trop de difficultés à extraire et compter les arrêtes chez les brochetons de la taille actuellement réglementaire d’une part et surtout d’autre part, chez les brochets de cette taille, les coupes histologiques de leurs gonades montrent une immaturité à ce stade pour leur permettre de se reproduire au moins une fois dans leur vie. C’est la contre partie ou le tribut que la nature doit en prélever.
HIMMI Mohyidine